Intuition

« Pour Platon, l’intuition est la saisie immédiate de la vérité de l’idée par l’âme indépendamment du corps »

Si tout n’est que ondes, si tout n’est que notes. Si toute chose existe indépendamment du temps et que l’Univers est un iris d’infinies parallèles. Si même la plus infime pensée est un accord figé dans la mélodie des consciences, que tout ce qu’il est possible d’exister attend comme les touches d’un piano ou les cordes d’une harpe. Si même les événements sont des tambours ou des gongs,  des points de ponctuation ou de conclusion.

Parfois mon âme éternelle, le temps d’une étincelle, saute un sillon de mesure et par le saphir suspendu voit au loin une note aussi évidente qu’inattendue.

De retour dans le flux de la vallée, mon âme muette ne sait jamais me dire si cette montagne singulière, ce pic qu’elle a vu, est devant, derrière ou de côté. Je ne sais si j’y vais droit, si je peux le voir et le contempler, si je peux le retrouver ou à tout prix l’éviter. Pire, quand bien même je le pourrais, je ne sais si je le dois.

Parfois j’aimerais que mon âme m’emmène avec elle dans ces envolées espiègles, voir par moi-même l’horizon de mon ignorance infinie, comme dans une montgolfière à l’aurore, voir sur la plaine les choses belles et étranges au loin, ici la silhouette d’un moulin dans le fin brouillard du petit matin.

Mais le vent pousse doucement la nacelle, je ne peux que souffler de mes poumons brûlés.

Je pense : Par nos yeux l’univers visite l’infini de son être.