Materia

Comment une onde deviendrait-elle une masse et un volume, de la matière, lourde, existante, violente par sa présence ? Ne suis-je pas un esprit, léger et détaché, au pire incarné ?

Ernst Chladni et ses figures de 1787 font le pont de ma compréhension. C’était un physicien dont les travaux participent aux bases de l’acoustique moderne. Un disque de métal, un peu de sable saupoudré dessus, un archet frotte le bord et voilà que le sable se met en rang selon la fréquence.

Cela ne cesse de m’interroger. Les figures dessinées changent quand la fréquence de vibration augmente. Ces figures sont parfaitement reconnaissables par moments, certaines font parfois penser à des gravures antiques, mystiques certainement. Je retiens qu’entre 2 fréquences stables, il y a le chaos du sable qui danse frénétiquement sans savoir où aller, dans une liberté folle. Je recule ; le grain de sable est lui aussi une vibration dans cette philosophie, tout comme la plaque de métal. Je constate ; peu importe la forme, il y a des paliers où le chaos disparaît, où l’ordre regroupe en masses compactes les individus qui erraient sur ce  métal sismique.  La plaque transmet de l’énergie, la même quantité à tous, gouttes à gouttes, à un rythme défini.

Je pense : « Vous êtes le sel de la terre »