Propagation fugace

Je pense au loin un futur fugace. Un matin, une aube, le soleil s’y lèvera comme à l’instant. J’y suis vieux et toi aussi. Mes mains sont blanches, ridées et douces; pas le dessus, le dessous.  Les tiennes aussi. Tes seins tombent, mes mollets aussi. D’un souvenir j’y enjambe le siècle, de nos arrière-grands-parents à nos petits-enfants. Je viens dans ton lit séparé de nos corps usés.  Là-bas je pense à ces mots de ce jour devenu présent, heureux qu’ils existent.  Je maugrée en silence que toutes ces journées si longues soient passées si vite. Je ne sais pas si tu sais que cet instant au loin où je te prends la main est né il n’y a pas si longtemps, juste avant nos enfants. J’y suis maintenant, là-bas et ici, étrange constance de temps. Toi aussi, et, si tu ne le sais pas encore, ce soir je t’embrasserai pareil d’un autre temps. Demain aussi.