Sourd

48 cycles pour le silence du désert. Dans le vide, la pleine conscience ne trouve que soi, vibrant, ondoyant en reflets de mirages sur un sol aride, blanc de sel, le sel de la terre. Il faudrait sortir de cette tempête de soleil brulant, ne plus en être assommé, éprouvé,  caillassé d’absences, retrouver le frais léger et frétillant d’une lisière extravagante d’ombres et de lumières, bruyante de vies. Mais le sec est un chemin suivi pied à pied, il faut tenir, s’assoir et saisir. Il faut porter l’estocade, achever et assumer les grains trouvés, les réunir avant qu’ils ne s’échappent entre les doigts. Ne pas revenir les mains vides, revenir en sifflotant le souvenir de soi sans plus ni moins, espérons même un sourire en coin. Il faut enchainer encore et encore les aubes enflammées et les froids crépuscules sur le fond de ces cieux fades d’azur. Je sais ma note, je connais ma mélodie, il ne me manque que l’énergie, le volume, la portée ; son intensité.

Voilà qu’à midi je pressens. Que je crie ou que je murmure, mes mots seront les mêmes si rien ni personne ne les entend. Les mélodies s’harmonisent peut-être en symphonies, pour peu que toutes existent égales et à leur temps.

Je pense : Me boucher les oreilles pour écouter mon cœur.